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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/109

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eux des regards qui leur fouillèrent l’âme : Non, conclut-elle immédiatement, ce n’est pas pour son cousin que Madeleine a fait ces frais-là.

Il y a, dans tous les pays, des pierres à côté desquelles nous passons indifférents. Nous ne connaissons point le genre, les propriétés, l’histoire des minéraux ; pour nous, le sol qui recèle ces pierres n’a pas plus d’intérêt qu’un autre. Vienne un géologue ; il trouvera un être, une expression, un langage à ces pierres qui demeuraient discrètes près de nous, parce que nous ne sommes pas géologues.

Ainsi les amoureux n’ont rien de caché pour ceux qui aiment. L’amour a des tressaillements, des effluves, des murmures que ne perçoit point le cœur insensible, mais que Julia devait percevoir, elle, amoureuse. À ce moment, toute sa volonté concentrée sur Madeleine, elle vit ces tressaillements, elle sentit ces effluves, elle entendit ces murmures.

Toute bouleversée, elle fit la première chose à laquelle une femme émue songe ; une glace ornait la cheminée : elle se regarda. La jalousie promenait sous ses joues un sang rouge et ardent ; elle observa que sa chevelure en paraissait plus