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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/112

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causer à un artiste tel que vous une grande joie d’artiste.

Alors tout le monde leva la tête. M. Jacquin seul eut l’air de comprendre : « À table, mesdames », dit-il. « Mon neveu nous racontera au dessert une bonne histoire qui le rendra, je l’espère, l’ami de mon brave et glorieux ami Fercy. »

Pris dans ces conditions, le potage à la julienne fut trouvé par Mme Fercy mangeable, le madère sembla potable à l’auteur du Machiavel, le palais de bœuf et les ris de veau frits furent déclarés délicats et appétissants, le moulin-à-vent et le quartier de chevreuil en daube estimables. Le poulet aux marrons, qui était excellent, parut bien un peu lourd, mais le Château-Laffitte l’aida agréablement à passer. Ce qui restait du volatile desservi, la bonne de M. Jacquin, Magrite, plaça devant son maître un saumon au bleu, à la vue duquel Mme Fercy ne put retenir cette exclamation : « Magnifique ! ». Dès qu’il eut servi chacun de ses convives, M. Jacquin, les oreilles bourdonnant de félicitations, essaya de se rengorger, mais Francisque ne lui en laissa pas le temps ; déjà le bohème implorait un peu plus de saumon. M. Fercy en demanda également.