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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/149

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— Parce que c’est ma vocation, répondit simplement l’aéronaute.

Cette réponse fit à Henri l’effet d’un coup de poing. Rentré chez lui, il se mit, quoique le temps fût bien froid, à la fenêtre et, les yeux vers le ciel, interrogea les étoiles qui nous disent parfois de si bonnes choses. Voici ce qu’elles lui dirent :

— Insensé, qui ne sais pas que Dieu appelle chaque homme au genre de vie pour lequel il est propre, ne verras-tu donc jamais que tu manques à ta destination ? Ne sentiras-tu pas que la première chose que tu dois faire est celle pour laquelle Dieu t’a faite ? Ou serais-tu assez présomptueux pour te croire capable d’être utile à quoi que ce soit en dehors du mandat que t’a confié la providence ? Écoute donc ta vocation. Tu te perdrais dans ce monde et dans l’autre en résistant plus longtemps à ses ordres. Tu es un mauvais employé puisque, sous les minutes que tu dois copier, tu caches les vers que tu viens de composer. Tu n’es pas le poëte que tu as le devoir d’être, puisque, ces vers, tu les caches. Et sur ce fauteuil d’employé, où tu accomplis mal ta besogne, tu prends la place d’un autre,