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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/151

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homme, qui, d’ailleurs, ne s’en souvenait plus.

— Oh ! monsieur le sénateur, s’écria Henri, je vous dédierai mon premier ouvrage.

Sa démission envoyée au chef du personnel, le poëte mit en ordre, revit, corrigea ses premiers essais. Si, par obéissance à sa vocation, il allait tenter la gloire littéraire, il fallait, pour qu’il tînt le serment qu’il avait fait à son oncle, que ses vers fussent les seuls champions du grand et du beau. Scrupuleusement, il élimina de leurs rangs tous les boudeurs, les rageurs, les insolents, les sceptiques, les païens, les débauchés qui s’y étaient glissés dans les jours de crise.

Lorsqu’il fut content de son armée, d’ailleurs bien épurée et habilement conduite, il la présenta au pouvoir exécutif, je veux dire à un éditeur, qui, sans abaisser les yeux sur elle, demanda tout d’abord à Henri s’il avait de quoi l’équiper. Le naïf Henri s’était toujours imaginé que ce soin regardait précisément le pouvoir exécutif, mais, l’éditeur lui ayant donné à ce sujet quelques explications d’un très grand réalisme, il se hâta d’écrire à M.