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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/156

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cité les plus beaux vers. Mais il est loin de nous le temps où il suffisait qu’un journal eût annoncé un livre pour que l’édition de ce livre s’épuisât vite ? En dehors du théâtre, combien de fois faut-il aujourd’hui qu’un monsieur qui s’appelle Henri Astier crie son nom par la fenêtre pour que le public se retourne, mette la main à la poche et en tire trois francs ?

Chaque jour, Henri allait voir s’il restait encore des exemplaires de son livre chez l’éditeur. Un mois après la mise en vente, il entrait dans la librairie au moment où le libraire envoyait au magasin les livres invendables, qui encombraient les casiers. Parmi les condamnés à l’exil étaient les exemplaires du volume d’Henri.

— Comprenez, monsieur, dit l’éditeur au jeune homme, nous avons l’expérience. Quand la première édition d’un ouvrage n’a pas été enlevée en quinze jours, il n’y a pas à compter sur cet ouvrage-là.

— Et que va devenir le mien ?

— Il va rester au magasin jusqu’à ce que vous en ayez publié un autre. Si votre second ouvrage a du succès, ça réveillera peut-être celui-ci.