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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/186

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— Non.

Il y eut un moment de silence, après lequel le prêtre pria Henri de lui confier les secrets de son cœur. L’abbé, par le timbre de sa voix, par sa physionomie, plus encore que par ses paroles, s’était rendu complétement maître du poëte, qui lui raconta son amour, c’est-à-dire sa vie.

Quand le jeune homme eut fini son triste récit, l’abbé soupira en levant doucement les épaules et dit ;

— Pauvre enfant, qui baissez les yeux pour pleurer sur le présent quand il faudrait les lever au contraire pour les fixer sur le passé d’abord, sur l’avenir ensuite !…

— Le passé, je le connais trop !

— Vous en connaissez la surface, vous en connaissez tout ce qui vous est apparu en pleine lumière ! Avez-vous jamais regardé dans l’ombre ?

— Dans l’ombre ?

— Oui, dans l’ombre où Dieu enfante ses projets, où la Providence signe ses décrets, où les coupables croient cacher les causes, où les innocents ne pensent jamais à les chercher.

— Eh bien, monsieur l’abbé, regardez-y avec moi et vous y verrez l’homme qui,