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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/199

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cule a tranché d’un seul coup toutes les têtes, Henri tâchera de rompra tous les sortiléges. Hélas ! la vue de Francisque ne lui avait inspiré que de la répugnance ; la vue soudaine de Julia, avec laquelle il se trouva face à face, éleva au paroxysme la passion du poëte. Adieu, courage !

C’est que les charmes de l’enchanteresse se sont accrus encore ! Il avait connu la frêle jeune fille à peine esquissée ; il voit aujourd’hui la femme dont les années et le mariage ont développé les séduisantes formes, la femme, en un mot, faite.

— Je suis perdu, se dit-il.

Et sans plus regarder Julia, du visage voilé de laquelle il n’avait pu remarquer que les grands yeux toujours beaux, il se dirigea vers l’ancienne maison de son oncle qu’occupait, on le sait, le fermier Jamet. Et pendant qu’il s’éloignait, les grands yeux brillants, que ne réussissait pas à cacher le voile qui les couvrait, restaient fixés sur le poëte et pendant que le malheureux se disait : « Je suis perdu ! » Julia, quoique frappée aussi en plein coeur, pensait :

— Je suis sauvée !…

Le bon vieux Jamet manifesta une joie