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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/214

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avez l’air d’être un si bon garçon… Tiens, mais sur quoi donc qu’est mon pied ?

Le joueur d’orgue, se baissant, ramassa sous la table un volume, qui était tombé du foyer et dont la marge seule était brûlée, Il lut sur la couverture : Les Poëmes humains, par Henri Astier.

— Par Henri Aslier ! s’écria-t-il. Alors, c’est de vous. Pourquoi donc que vous brûlez votre livre, vous ?

Et il fixa un regard interrogateur sur Henri, Le poëte, affaissé, la tête basse, semblait s’efforcer de retenir les larmes qui lui grossissaient les paupières. À ses pieds était sa malle presque vide et les bouts de papier, qui formaient un chemin de cette malle au foyer, montraient pourquoi Henri l’avait vidée, Des yeux, le mendiant intrigué fit le tour de la chambre. Il y avait un fusil de chasse, adossé contre le bois du lit. Il prit ce fusil et vit qu’il était chargé.

— Ah ! jeune homme, fit-il, je comprends !

— Vous n’empêcherez rien, dit Henri en s’élançant sur le mendiant.

— Celui-ci se sauva dans la cour. Le poëte le suivit. Une lutte s’engagea entre eux, le mendiant essayant de décharger le fu-