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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/213

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vre en se laissant choir sur la chaise. C’est pour moi tout ça ? À boire ! à manger ! et devant le feu encore ! Ah ! vous êtes un bon jeune homme, tout de même !

— Il ne s’agit pas de me remercier ; dépêchez-vous de manger. Allons, allons !

Et Henri sert le mendiant, qui ne demande pas mieux que de boire et de manger, mais qui ne veut absolument pas se servir de la serviette.

— Oh ! pour ça, non, pas de serviette ! fait le pauvre diable. Ça serait trop d’honneur, mon brave monsieur. Mais, dites donc, il me vient une idée, ajouta-t-il en ne faisant qu’une bouchée d’un morceau qui avait pu à peine entrer entre ses dents ; il n’est pas croyable que vous ayez préparé cette belle table-là pour moi tout seul. Pourquoi que vous ne mangez pas ?

— Ne vous inquiétez pas de ça. Je n’ai pas faim. Mangez, buvez, vite, vite !

Et Henri lui servit à boire.

— Ah ! mais je vous reconnais, fit le pauvre. Voilà vingt ans que je viens chaque année à Morlancourt.

— Vous êtes le petit-neveu de M. Jean Astier, un drôle d’homme qui vous a mis dedans, à ce qu’on dit. Qué malheur ! Vous