Cela voulait dire qu’il avait encore à parler.
Quand son neveu l’eut servi : « Cher enfant, reprit le vieillard, ne t’illusionne pas. Il y a bien des ornières dans ces chemins de travail, d’honnêteté, de dévouement que tu consens à suivre. Avant de t’y engager, appuie-toi sur quelqu’un. Je te racontais tout à l’heure mes vagues aspirations vers l’amour vrai. Si je les eusse réalisées, peut-être eussé-je mieux vécu… Les grands génies sont ceux qui ont le plus aimé. »
Et le vieillard, épuisé, se tut.
Le lendemain il râlait ; ses traits étaient décomposés ; on entendait à peine sa voix ; ses yeux n’avaient plus ni larmes ni regards. Tout à coup il appela Henri.
Le jeune homme était près de lui, veillant sur son malade :
— Je ne te quitte pas, dit-il ; que me veux-tu ?
Le moribond rassembla les forces qui lui restaient pour se lever à demi ; ses yeux se rallumèrent une dernière fois ; ses mains se cramponnèrent à Henri :
— Aime…, sois utile, balbutia-t-il, aime !