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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/243

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Tout à coup il entendit tourner le bouton d’une porte ; l’air frais et embaumé du jardin lui caressa un instant le visage. Puis la porte du jardin se ferma.

Henri fit dans l’obscurité quelques pas en étendant les bras. Le frôlement d’une robe contre les meubles lui indiqua de quel côté il devait se diriger. Sa main rencontra une main. À son exclamation de joie un soupir répondit.

De nouveau, dans ses bras, elle était, la femme qui aimait !…

Contre son coeur battait, encore plus vite que le sien peut-être, un coeur d’amante. Sur son épaule, une tête brûlante s’abandonnait. Il pencha la sienne. Il était ivre. Non, il n’est plus sur la terre. Un baiser, le premier qu’il ait donné avec toute son âme, lui a ouvert les célestes espaces…

Alors une pensée lui mordit le coeur. De pareils baisers, combien cette femme en a-t-elle déjà échangés avec M. Francisque !

— Oh, Julia, Julia ! dit-il avec un sanglot dans la voix.

Et, jaloux, il laissa tomber des larmes sur le front qu’il couvrait en même temps de baisers.

— Non, ce n’est pas Julia ! s’écria l’ange