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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/40

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le fils Jacquin, arrêta ses regards sur l’Homme au gant du Titien. Pris à la vue de ce chef-d’œuvre d’une admiration dont il ne se serait pas cru capable, il revint plus fréquemment au Louvre. Il en étudia les chefs-d’œuvre, surtout ceux du Titien, et comprit dès lors qu’il s’était trompé de route. Il suivait depuis longtemps les cours de l’École de médecine ; il se dit que ce n’était pas la pitié des maladies humaines qui l’avait poussé vers l’anatomie : il y avait été entraîné par un amour instinctif de l’art qui lui avait suggéré que, pour bien représenter l’homme extérieur, il faut qu’un peintre en connaisse le mécanisme. Titien lui révéla sa vocation. La beauté vivante des lignes du peintre vénitien, la richesse de ses couleurs, l’expression des types créés par son pinceau, les pensées que ce génie éveille enflammèrent le jeune homme et le conduisirent chez M. Delaroche qui, émerveillé d’un pareil enthousiasme, compta le lendemain un élève de plus.

M. Fercy père, simple bourgeois qui ne tenait pas lé moins du monde à la gloire, se fâcha et bouda des années entières son fils. Ah ! ce furent de rudes années, pendant lesquelles le pauvre diable se nour-