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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/43

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nod, et tour à tour séduisante comme l’une et l’autre. Aussi son grand-papa, qui ne craignait pas de faire un mauvais jeu de mots, ne l’appelait il jamais autrement que Jolia, Fercy que, par exception, ni l’amour, ni l’argent, ni le bonheur, n’avaient arraché à l’art et qui se plaisait à retrouver ses goûts dans sa fille, lui donna des leçons de peinture.

Passant l’été à Morlancourt sous le toit de son père, avec sa femme et sa fille, il exécutait là quelque grand type rêvé l’hiver à Paris. Julia, que son sexe et son âge entraînaient naturellement vers les champs, reproduisait, prise de fougue poétique, les paysages qui la charmaient.

Debout sur un monticule, la palette à la main, l’œil enflammé d’enthousiasme, entourée de sa cousine Madeleine et de ses compagnes, qui la regardaient enchantées et jalouses ; telle la vit pour la première fois Henri, un an avant la mort de son oncle. Lui aussi aimait le beau ; il aimait tout ce qui parle à l’âme ; vertu rare de nos jours, il croyait à la femme :

« Comme tout être sur terre, rêvait-il, moi, homme, je trouverai donc un être avec lequel je formerai un tout ; côte à côte, les cœurs mariés, nous traverserons