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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/42

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voulut connaître l’auteur. Il avait une fille, Fanny, qui s’éprit de l’artiste.

Un aveu échappé aux yeux de la jeune fille, un aveu osé par les lèvres du peintre, et ici place au bonheur !

L’artiste épousa Mlle Fanny.

Mariage d’amour, mariage d’argent aussi, chacun apportant sa dot du cœur et sa dot monnayée, car le père Fercy, naturellement, s’était rallié au succès.

Un an après, Fercy, contemplant un enfant qui venait de naître, baisait ardemment, fou d’amour et de joie, les mains de sa Fanny : « Grand homme que je suis, disait-il, et pauvre artiste ! Rien qu’en nous aimant, nous avons fait un plus beau chef d’œuvre que n’en a jamais fait le Titien lui-même. Vois donc, Fanny, comme notre Julia sera belle ; elle a tes cheveux blonds… Mais on ne distingue pas encore de qui ses traits tiendront… »

À vrai dire, elle n’était pas admirable, cette petite Julia, à l’âge d’un jour et demi ; ses parents seuls étaient capables de présager sa beauté. Leur présage se réalisa. À dix-huit ans, Julia était une charmante jeune fille, tantôt gracieuse et sautillante comme la musique d’Auber, tantôt rêveuse comme la musique de Gou-