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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/47

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C’était un de ces clairs matins de septembre, où le soleil luit sans aveugler. Huit ou neuf personnes admiraient les paysages variés qu’elles ne se lassaient pas de découvrir. La famille Fercy, cousins, cousines et voisins, tous étaient du même avis. On poussait des oh ! et des ah ! On s’extasiait, puis on courait, on sautait, on poursuivait les papillons, on cueillait des noisettes, et chacun avait aux lèvres le sourire du bonheur ; ce qui est bien, chez les jeunes filles, la plus jolie manière de prouver que c’est doux de vivre.

Mais un cri d’épouvante suspendit tout à coup cette joie.

Derrière le château s’enfonce dans le bois de Saint-Paul une longue allée aboutissant directement à ce village. Voyant qu’Henri s’y dirigeait par la grande route, M. Jacquin fit, sous n’importe quel prétexte, doubler le pas à Madeleine et passa par le chemin de traverse. Le jeune homme, qui, rêvant, ne donnait nulle attention à son cheval, se laissait lentement conduire au gré de cette bête, un jeune étalon qui rêvait peut-être aussi.

— Brave Henri, disait d’une voix mielleuse M. Jacquin à sa fille. Les gens du pays s’occupent plus que lui du testament de