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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/56

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— Pas encore ! Elle est assez jeune pour attendre. Du reste nous ne voulons point la forcer.

— À la bonne heure ! Voilà comme je suis et comme j’aime qu’on soit. Laissons nos filles libres ! Les mariages d’inclination sont les seuls d’à peu près supportables. Attendons que l’amour vienne éveiller le cœur de nos enfants. Ce sera toujours trop tôt pour nous, n’est-ce pas, cousine ?

— Ah, j’aime bien ma fille !

— Eh ! parbleu, qui n’aime pas la sienne ? On sait que je ne suis pas sans entrailles pour Madeleine. Mais le jour où je la verrai s’ennuyant près de moi, parce qu’elle voudra être près d’un autre, je vous prie de croire qu’alors je ne tâtonnerai pas. S’il me paraît de nature à plaire longtemps à ma fille, peu m’importera que l’amoureux soit de près ou de loin, commerçant ou artiste, riche ou pauvre…

— Croyez-vous donc, cousin, que ces questions-là nous arrêteront davantage ? Nous sommes assez riches pour faire à sa guise le bonheur de notre enfant, et nous n’exigerons de son prétendu qu’une chose, c’est qu’il aime assez sa femme pour se