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Page:Chincholle - Dans l’Ombre, 1871.pdf/71

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lisent et discutent, comme ils peuvent, les journaux du crû. Ils discutent ! Ah ! les querelles ne sont pas loin. On ne sait pas assez où peuvent conduire les chemins vicinaux, question fort agitée dans les feuilles locales et dans les cabarets. Pour amener la paix, un malin parle de la guerre ; question toujours brûlante au village.

S’il y a la guerre, les fils partiront et il faudra les remplacer à la ferme par des garçonnets à gages. Il est vrai qu’alors l’armée qui aura besoin de chevaux ne les marchandera pas, et les éleveurs pensent tout bas que cela fera compensation.

Glouboux, après longue réflexion, s’était décidé à confier son projet à l’adjoint au maire Mirnachon, pour gagner d’avance celui-ci à la cause de Jacquin. Cet adjoint respectable, mais désireux d’obtenir de Glouboux un arpent contigu à l’une de ses terres, n’avait pas manqué de lui promettre son appui. Assis en face de Piquendaire, un influent du village :

— Nos verres sont vides, disait Mirnachon. Le patron est là pour les remplir ; si nous jouions une autre partie…

Et il s’arrangeait de façon à perdre encore ce troisième litre de cidre. À qui