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Page:Chivot et Duru, Les Braconniers.djvu/11

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MARCASSOU.

Comme un pinson, voisin Gabastou… on le serait à moins… J’épouse une jeune fille charmante… un peu, vive, un peu mutine, un peu rageuse… la tête un peu près du bonnet… mais le cœur sur la main…

BARBADÈS.

Dites donc, Marcassou… comment se fait-il que vous, qui auriez pu trouver facilement une femme ici même, à Bagnères-de-Bigorre, vous ayez été en chercher une à Argelès ?

MARCASSOU.

Oh ça ! c’est tout un roman… Il y a un mois, je conduisais trois mulets, dont un borgne, à un notaire chauve… En passant à Argelès, je m’aperçois que j’avais une barbe de huit jours… J’avise une enseigne : Au Toupet d’Airain, Carmagnasse, barbier… J’entre… Il n’y avait personne dans la boutique… j’appelle… une jeune fille paraît… un ange… avec un petit nez retroussé… Elle m’éblouit… je reste béant… « Mon oncle Carmagnasse est en voyage pour le moment, me dit-elle, mais je le remplace, mettez-vous là, je vais vous raser… » Je m’assieds… j’était béant, et je frétillais sur ma chaise… je frétillais tellement qu’elle m’a coupé cinq ou six fois… j’étais balafré, mais amoureux… À la fin je n’y tiens plus… je me lève et je lui dis : « Mademoiselle, je vous aime, je m’appelle Marcassou et je conduis à un mulet chauve trois notaires dont un borgne… voulez-vous m’épouser ?… » « Elle me répond en riant : Pourquoi pas ? faites faire votre demande… » Je reviens à Bagnères enchanté et j’envoie un de mes amis chez l’oncle Carmagnasse, à Argelès… On m’accepte et aujourd’hui mes parents ont été chercher ma fiancée… Je pensais que l’oncle Carmagnasse l’accompagnerait… mais il parait qu’il est indisposé et qu’il n’a pas pu venir… Ça ne fait rien… je ferai plus tard sa connaissance… en attendant j’épouse Ginetta et voilà tout simplement, en deux mots, comment ça s’est fait !

BARBADÈS.

Et qu’avez-vous fait de cette charmante fiancée ?… Ne la verrons-nous pas ?