Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 1.djvu/202

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nous sauvera des malheurs qui nous menacent ? Que l’amour nous donne au moins le courage de les supporter ! Comment vous peindre mon étonnement, mon désespoir à la vue de mes lettres, à la lecture du billet de madame de Volanges ? qui a pu nous trahir ? sur qui tombent vos soupçons ? auriez-vous commis quelque imprudence ? que faites-vous à présent ? que vous a-t-on dit ? Je voudrais tout savoir, & j’ignore tout. Peut-être, vous-même, n’êtes-vous pas plus instruite que moi ?

Je vous envoie le billet de votre maman, & la copie de ma réponse. J’espère que vous approuverez ce que je lui dis. J’ai bien besoin que vous approuviez aussi les démarches que j’ai faites depuis ce fatal événement ; elles ont toutes pour but d’avoir de vos nouvelles, de vous donner des miennes ; & que sait-on ? peut-être de vous revoir encore, & plus librement que jamais.

Concevez-vous, ma Cécile, quel plaisir de nous retrouver ensemble, de pouvoir nous jurer de nouveau un amour éternel, & de voir dans nos yeux, de sentir dans nos âmes que ce serment ne sera pas trompeur ! Quelles peines un moment si doux ne ferait-il pas oublier ? Hé bien ! j’ai l’espoir de le voir naître, & je le dois à ces mêmes démarches que je vous supplie d’approuver. Que dis-je ? je le dois aux soins consolateurs de l’ami le plus tendre ; & mon unique demande est que vous permettez que cet ami soit aussi le vôtre.

Peut-être ne devais-je pas donner votre confiance sans votre aveu ? mais j’ai pour excuse le malheur &