Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 2.djvu/195

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plus vivement sentie ; ces jours si doux, si fortunés, que chacun de nous devait à l’autre ; tous ces biens de l’amour, & que lui seul procure ; peut-être préférerez-vous le pouvoir de les faire renaître à celui de les détruire. Que vous dirai-je enfin ? j’ai tout perdu, & tout perdu par ma faute ; mais je puis tout recouvrer par vos bienfaits. C’est à vous à décider maintenant. Je n’ajoute plus qu’un mot. Hier encore, vous me juriez que mon bonheur était bien sûr tant qu’il dépendrait de vous... Ah ! Madame, me livrerez-vous aujourd’hui à un désespoir éternel ?

Paris, ce 15 novembre 17…

Lettre CXXXVIII.

Le vicomte de Valmont à la marquise de Merteuil.

Je persiste, ma belle amie : non, je ne suis point amoureux ; & ce n’est pas ma faute si les circonstances me forcent d’en jouer le rôle. Consentez seulement, & revenez ; vous verrez bientôt par vous-même combien je suis sincère. J’ai fait mes preuves hier, & elles ne peuvent être détruites par ce qui se passe aujourd’hui.

J’étais donc chez la tendre prude, & j’y étais bien