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Lettre CLXVII.

Anonyme à M. le chevalier Danceny.
Monsieur,

J’ai l’honneur de vous prévenir que ce matin, au parquet de la cour, il a été question parmi MM. les gens du roi, de l’affaire que vous avez eue ces jours derniers avec M. le vicomte de Valmont, & qu’il est à craindre que le ministère public n’en rende plainte. J’ai cru que cet avertissement pourrait vous être utile, soit pour que vous fassiez agir vos protections pour arrêter ces suites fâcheuses ; soit, au cas que vous n’y puissiez parvenir, pour vous mettre dans le cas de prendre vos sûretés personnelles.

Si même vous me permettez un conseil, je crois que vous feriez bien, pendant quelque temps, de vous montrer moins que vous ne l’avez fait depuis quelques jours. Quoique ordinairement on ait de l’indulgence pour ces sortes d’affaires, on doit néanmoins toujours ce respect à la loi.

Cette précaution devient d’autant plus nécessaire, qu’il m’est revenu qu’une madame de Rosemonde, qu’on m’a dit tante de M. de Valmont, voulait rendre plainte contre vous, & qu’alors la partie publique ne pourrait pas se refuser à sa réquisition. Il serait peut-être à propos que vous pussiez faire parler à cette dame.