Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 2.djvu/87

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Elle n’a même pas voulu de l’argent que je lui ai offert : mais je pense bien que monsieur voudra lui faire quelque petit présent ; & si c’est sa volonté & qu’il veuille m’en charger, je saurai aisément ce qui lui fera plaisir.

J’espère que Monsieur ne trouvera pas que j’aie mis de la négligence à le servir, & j’ai bien à cœur de me justifier de reproches qu’il me fait. Si je n’ai pas su le départ de madame la présidente, c’est au contraire mon zèle pour le service de monsieur qui en est cause, puisque c’est lui qui m’a fait partir à trois heures du matin ; ce qui fait que je n’ai pas vu mademoiselle Julie la veille, au soir, comme de coutume, ayant été coucher au Tournebride, pour ne pas réveiller dans le château.

Quant à ce que monsieur me reproche d’être souvent sans argent, d’abord c’est que j’aime à me tenir proprement, comme monsieur peut voir ; & puis qu’il faut bien soutenir l’honneur de l’habit qu’on porte : je sais bien que je devrais peut-être un peu épargner pour la suite ; mais je me confie entièrement dans la générosité de monsieur, qui est si bon maître.

Pour ce qui est d’entrer au service de madame de Tourvel, en restant à celui de monsieur, j’espère que monsieur ne l’exigera pas de moi. C’était bien différent chez madame la duchesse, mais assurément je n’irai pas porter la livrée, & encore une livrée de robe, après avoir eu l’honneur d’être chasseur de monsieur. Pour tout ce qui est du reste, monsieur peut disposer