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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/138

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Journal

10. Aouſt.

IL a fallu faire cinq ou ſix bordées cette nuit ; & peu s’en eſt fallu que nous n’ayions échoué contre rifle du Prince. Il y avoit peu de vent : nous en eſtions fort prés, & le courant nous y portoit. Cependant nos pauvres matelots ſont ſur les dents. Le nombre des malades augmente : ils n’ont point de viande. M. de Vaudricourt leur a déja donné de ſes poules & de ſes moutons ; & ne leur en veut plus donner, parce qu’il n’en a plus gueres. En un mot, il faut arriver : ſix heures de bon vent nous mettroient à la veue de Bantam. On vient de hiſſer nos perroquets. Quand il n’y a gueres de vent, les perroquets valent bien la grand’voile, parce que le vent eſt haut, & qu’ils le prennent dans leurs petites voiles. Nous n’oublions rien pour attraper les oranges & les citrons, les bananes & les cocos. Ils ſont ſur le bord : nous les cueillerions ſur les arbres, ſi nous avions les bras un peu longs. Nous reſſemblons un peu à feu Tantale.

11. Aouſt.

IL vient un peu de vent. On fait deux ou trois lieues. On approche la pointe fatale de cette Iſle que nous avons la mine de voir encore longtemps. Le calme vient, & le courant nous remporte. Enfin ce matin nous ſommes plus au large