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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/139

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du Voyage de Siam.

qu’hier au ſoir. Que faire ? Les pilotes ſont partagez. Les uns voudroient mouiller, & attendre le vent : les autres aiment mieux ſe tenir au large ; & prétendent que mouïller dans un païs qu’on ne connoît point, c’eſt trop hazarder. Il faudroit mouïller fort prés de terre ; & il pourroit venir des vents, qui nous jetteroient à la côte. Ceci commence à devenir faſtidieux. Il y a huit jours que nous voyons terre. D’abord grande joye ; on s’imagine toutes ſortes de rafraîchiſſemens : & cependant voici trois jours maigres qu’il faut paſſer avec du ſtockfiche. Moi-même qui jamais ne déſeſpere, je commence à eſtre penſif. Il y a des vaiſſeaux qui ont demeuré trois ſemaines à paſſer le détroit. Si pareille choſe nous arrivoit, que deviendroient nos malades ? car pour nous il y a de l’eau & du biſcuit à fonds de cale : & quand nous ſerons arrivez à Batavie, remettrons-nous à la voile avec dix matelots ? Je ne parle point de la frégate, car nous ne l’attendrons pas. Les préſens du Roi ſont ici, & l’Ambaſſade ne laiſſera pas de ſe faire. Il ſera deſagréable de n’avoir pas toute cette Nobleſſe dorée qui eſt ſur la frégate. Mais à quelque prix que ce ſoit, il faut tâcher d’arriver cette année ; & le quartier d’hiver à Batavie ſeroit rude à paſſer.

12. Aouſt.

HIer à trois heures aprés midi le vent vint

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