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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/149

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du Voyage de Siam.

la Chine dans la ville de Fõ-gañg en la province de Fõ-kieñ, d’un catarre qui l’a ſuffoqué. Dieu lui a donné la conſolation d’entrer dans les terres de ſa miſſion, & d’y mourir en Apôtre. Il y avoit plus de vingt ans qu’il tentoit toutes ſortes de voies pour entrer à la Chine. Il avoit fait trois fois le voyage des Indes, & une fois le tour du monde ; & dans le temps qu’il alloit eſtre d’un grand ſecours à tant de milliers de pauvres Chinois, Dieu le retire à lui par des raiſons que nous devons adorer ſans les aprofondir. En tout cas il a bien fait ſon perſonnage ; & puiſque nous ſerons tous jugez ſur nos œuvres, il en avoit bien de bonnes à préſenter au jour qu’il a eſté jugé pour toute l’éternité. Ainſi au-lieu de le plaindre, nous devons nous réjouïr de ſon bonheur. Monſieur l’Evêque d’Argolis eſt auſſi entré à la Chine avec deux Miſſionnaires. Il y en avoit deux avec M. d’Héliopolis, qui ſeront venus recevoir ſes ordres ; & c’eſt toujours un grand bien qu’il y ait un Evêque, qui pourra faire des Prêtres du païs. Il n’y a point d’autre moyen d’y conſerver le Chriſtianiſme pendant la perſécution. On reconnoît au viſage les Miſſionnaires d’Europe : on les met priſonniers : il y en eut vingt-trois d’arrêtez il y a quelques années, dont il y avoit dix-huit Jéſuites. Au-lieu que les Prêtres du païs ſe pourront mieux cacher, & faire leurs fonctions ſans avoir peur d’eſtre découverts.

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