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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/154

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Journal

gne au vin de Perſe : ſeulement de temps en temps un peu de tabac & de bierre. Hommes & femmes, tout fait la même vie : je vis hier une petite fille de ſix ans qui apprenoit à fumer à un petit garçon de quatre ou cinq. Cela n’empêche perſonne de vaquer à ſes affaires ; & ſi l’on veut leur plaire, il faut faire comme eux. Pour moi jamais je ne ferois fortune en ce païs-ci. Les particuliers n’y font pas grand’choſe, depuis que les Hollandois ſont maîtres de Bantam : c’eſt la Compagnie qui fait tout le commerce. Les marchands n’ont plus de vaiſſeaux ſur leur conte : il faut qu’ils vendent à la Compagnie qui n’achete qu’à Bon marché, & qui par-là tire tout le profit.

M. de Vaudricourt a eſté voir ce matin M. le Général, pour le remercier de toutes les honnêtetez qu’il a pour les François : il y a ordre de les laiſſer entrer par tout.

22. Aouſt.

IL y a ici des lettres de Macao qui diſent que l’Empereur de la Chine a ouvert tous les ports de ſon Royaume à tous les étrangers ; & a fait publier que tous les marchands, de quelque nation qu’ils fuſſent, ſeroient bien receus à faire le commerce. Cela va achever de ruiner les Portugais. Il y a cinq ans qu’ils envoyèrent à Pequin une ambaſſade célebre, & obtinrent que ſeuls de tous les Européans ils feroient le com-