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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/155

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du Voyage de Siam.

merce par Macao. Mais comme ils ont peu de vaiſſeaux, & qu’ils n’y pouvoient fournir, les marchands Chinois ont repréſenté à l’Empereur Camhi, que le moyen d’enrichir ſon païs eſtoit d’y recevoir tout le monde. Les Hollandois ſeront aſſeurément des premiers à y aller. La Chine eſt préſentement en paix. Les Tartares ſont maîtres par tout. Le pirate qui s’eſtoit fait Roi de l’Iſle Formoſe a eſté défait. Le vieux Gozlanqui qui fit entrer les Tartares en 1640. & qui s’eſtoit révolté contre eux, & avoit conſervé quatre Provinces, eſt mort ; & ſon fils a eſté tué, ou chaſſé. De ſorte que les Tartares n’ayant plus rien à craindre du dedans, ouvrent leurs portes, & dans cinquante ans prendront les manieres Chinoiſes. La bonté du païs les rendra efféminez ; ils laiſſeront croître leurs cheveux : & dans deux cens ans il reviendra d’autres Tartares Septentrionaux, guerriers & brutaux, qui ne reconnoîtront plus les petits enfans de ceux-ci, & qui feront la conquête de la Chine. Cela eſt déja arrivé pluſieurs fois ; & par la ſituation du païs & les mœurs des habitans, on peut, ſans eſtre prophete, aſſurer que cela arrivera encore.

M. Vachet vient de me dire qu’un marchand François nommé M. Junet, natif de Saint Jean de Laune, eſt mort à Maſulipatan. Il paſſoit pour avoir plus de trente mille écus de bien. Il a fait des legs pieux pour quatre mille roupies, vous

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