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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/156

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Journal

ſçavez qu’une roupie vaut trente ſols ; & a laiſſé tout ſon bien à la miſſion. Cela ne viendra pas mal pour fonder le College de Siam. Ainſi quand Dieu leur ôte M. d’Heliopolis, qui avoit dix mille livres de rente dont ſa famille n’a jamais veu un quart d’écu, il leur envoye une bonne ſucceſſion.

Il court ici une nouvelle, qui ſeroit bien terrible : que Sevagi, aprés avoir défait l’armée navale du grand Mogol, qui venoit au ſecours de Goa, a pris la ville d’aſſaut, & l’a ruinée ; que les Portugais manquant de monde, de cinq fortereſſes qu’ils ont à Goa n’ont conſervé que les deux meilleures ; & que Sevagi s’eſt retiré avec des richeſſes immenſes. M. le Général a dit, qu’il n’en avoit point de nouvelles. Il faut eſpérer que cela n’eſt pas vrai, & que Saint François Xavier aura conſervé une ville où ſon corps a fait de ſi grands miracles : ſi ce n’eſt qu’irrité des horribles débauches des habitans, il les ait abandonnez à la juſtice de Dieu.

23. Aoust.

JE viens de lire la lettre du Pere Tiſanier Supérieur des Jéſuites de Macao, qui dit poſitivement que l’Empereur de la Chine ſe voyant en paix, & ne craignant perſonne, a ouvert aux étrangers tous les ports de ſon Empire, pour éprouver pendant deux ans ſi le commerce ſera utile