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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/192

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Journal

blié quelque circonſtance, on leur piqueroit la tête. Il en viendra d’autres plus conſidérables à meſure que nous avancerons dans la riviere ; & à deux lieuës de la ville ſe trouvera le premier Miniſtre dans les balons dorez du Roi avec les grands Officiers de la Couronne. Quand les Mandarins ſont rentrez dans leur barque, on les a ſaluez de neuf coups de canon. La Compagnie Françoiſe vient d’envoyer trois cens poules, dix cochons, quarante canars, des cocos, des oranges & des citrons. Quand leur Chef s’en eſt allé, on l’a régalé de cinq coups de canon, pour montrer que le Roi fait cas de la Compagnie.

Je viens d’avoir une grande converſation avec M. l’Abbé de Lionne pendant que M. l’Ambaſſadeur entretenoit M. de Metellopolis. Le Roi de Siam ne s’eſt point déclaré ſur la Religion, & même depuis dix-huit mois n’a point fait là-deſſus de pas conſidérables. M. Conſtance n’a point voulu accepter la charge de grand Chacri, qui le mettroit audeſſus du Barkalon : il ſe contente d’avoir toute l’autorité. Il a beaucoup d’eſprit, & eſt fort habile dans le commerce. Il a découvert les friponneries des Mahométans, qui eſtoient les maîtres des affaires avant qu’il s’en mélaſt. C’eſt par là qu’il s’eſt élevé. Vous ſçaurez quelque jour toutes les particularirez de ſa vie. Il ſemble qu’eſtant Catholique, il ait intérêt à faire ſon Maître Chrétien ; nous verrons bientôt

comme