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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/221

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du Voyage de Siam.

bout, & découvert : mais à la ſeconde parole il s’eſt aſſis, & a mis ſon chapeau. Je ſuis demeuré debout tenant toujours la Lettre du Roi. Il a dit, Que le Roi ſon maître, ſi fameux par tant de victoires, & par la paix que plus d’une fois il a donnée à ſes ennemis à la tête de ſes armées, lui a commandé de venir trouver ſa Majeſté aux extrémitez de l’univers, pour lui préſenter des marques de ſon eſtime & l’aſſurer de ſon amitié. Mais que rien n’eſtoit plus capable d’unir ces deux grands Princes, que de vivre dans les ſentimens d’une même croyance ; & que c’eſtoit particulierement ce que le Roi ſon maître lui avoit commandé de repréſenter à ſa Majeſté. Il a ajouté, Que le Roi le conjuroit par l’intereſt qu’il prend à ſa véritable gloire, de conſidérer que cette ſuprême Majeſté dont il eſt revêtu ſur la terre, ne peut venir que du vrai Dieu, c’eſt à dire d’un Dieu tout-puiſſant, éternel, infini, tel que les Chrétiens le reconnoiſſent, qui ſeul fait regner les Rois, & regle la fortune de tous les peuples : que c’eſtoit à ce Dieu du ciel & de la terre qu’il falloit ſoumettre toutes ſes grandeurs, & non à ces faibles divinités qu’on adore dans l’Orient, & dont ſa Majeſté qui a tant de lumiere & de pénétration, ne peut manquer de voir aſſez l’impuiſſance. Il a fini en diſant, Que la plus agréable nouvelle qu’il pouvoit porter au Roi ſon maître, eſtoit que ſa Majeſté perſuadée de la vérité ſe fait inſtruire dans la Religion Chrétienne ; que cela cimenteroit à jamais l’eſtime & l’amitié entre les deux

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