Rois ; que les François, viendront dans fies Etats avec plus d’empreſſement & de confiance ; & qu’enfin’ſa Majeſté s’aſſeureroit par ce moyen un bonheur éternel dans le Ciel, aprés avoir regné avec autant de proſpérité qu’elle fait ſur la terre.
La harangue finie, M. l’Ambaſſadeur, fans ſe lever, & ſans ôter ſon chapeau, hors quand il parloit des deux Rois, a montré à ſa Majeſté quelques-uns des préſens qui eſtoient dans la ſalle. Il m’a enſuite fait l’honneur de me préſenter, & puis les Gentilshommes. Auſſitôt M. Conſtance, qui a ſervi d’interprète, s’eſt profterné par trois fois avant que de parler, & a expliqué la harangue en Siamois, M. l’Ambaſſadeur demeurant toujours aſſis & couvert. Dés que l’explication a eſté faite, M. l’Ambaſſadeur s’eſt levé, a ôté ſon chapeau, s’eſt tourné de mon côté, a ſalué reſpectueuſement la Lettre du Roi, l’a priſe, & s’eſt avancé vers le trône.
Il faut vous expliquer ici un incident fort important. M. Conſtance, en réglant toutes choſes, avoit fort infifté à ne point changer la coutume de tout l’Orient, qui eſt que les Rois ne reçoivent point les lettres de la main des Ambaſſadeurs : mais ſon Excellence avoit eſté ferme à vouloir rendre celle du Roi en main propre. M. Conftance a voit propoſé de la mettre dans une coupe au bout d’un bâton d’or, afin que M. l’Ambaſſadeur puſt l’élever juſqu’au trône du Roi : mais on lui a-
