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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/228

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Journal

les gentilshommes ont remarqué des choſes dans le palais, qui m’ont échapé. Il y avoit, diſent-ils, ſix chevaux de main, dont les harnois eſtoient d’or, chagez de perles, d’émeraudes, de rubis & de diamans.

M. Conſtance ſort d’ici. Il dit que le premier article des inſtructions des Ambaſſadeurs que le Roi de Siam envoye en France, ſera de faire aveuglément tout ce qu’on leur ordonnera, dans la penſée qu’on ne leur ordonnera que des choſes raiſonnables & glorieuſes à leur maître. Il nous a dit auſſi que le Roi avoit bien recommandé qu’il ne manquaſt rien aux deux navires. Tout cela eſt beau : mais je ne vois encore rien pour la Religion, & c’eſt pourtant ce qui nous mene.

On s’eſt aſſemblé ce matin au palais pour traduire en Siamois la Lettre du Roi. Le palais eſt une ville aſſez grande, compoſée de ſept ou huit maiſons bâties par différens Rois. On a tranſporté la Lettre du Roi d’une maiſon à l’autre avec la même pompe que le jour de l’audiance. Il y avoit dans la ſalle les quarante Mandarins du Conſeil, le Barkalon, M. Conſtance, M. de Métellopolis, M. l’Abbé de Lionne, & M. Vachet. On a traduit la Lettre tout haut mot à mot en paroles Siamoiſes, les plus expreſſives ; aprés quoi les principaux Mandarins l’ont portée au Roi.