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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/249

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du Voyage de Siam.

& on a fini par la ſanté de Madame la Dauphine. Aprés le dîné une foule de plaiſirs aſſez peu plaifirs, mais qui avoient la grace de la nouveauté.

D’abord il y a eu une comédie à la Chinoiſe. Les habits ſont beaux, les poſtures aſſez bonnes ; ils ſont alertes : la ſimphonie déteſtable, ce ſont des chaudrons qu’on bat en cadence. Enſuite eſt venu un opera Siamois : le chant eſt un peu meilleur que le Chinois. Les comédiennes ſont bien laides : leur grande beauté eſt d’avoir des ongles d’un demi-pié de long. Les danſeurs de corde ont fait merveilles. Ils mettent de longs bâtons l’un au bout de l’autre, hauts comme trois maifons ; & ſe tiennent debout audeſſus ſans contrepoids, quelquefois les pieds en haut. Ils ſe couchent ſur des pointes d’épées ; & de gros hommes leur marchent ſur le ventre à nu.

Les Pégouans ont une danſe aſſez plaiſante. La fête a fini par une tragédie Chinoiſe : car il y a des comédiens de la province de Cantom, & d’autres de la province de Chincheo. Les Chincheo ſont plus magnifiques & plus cérémonieux. Quand un homme les vient voir, ils commencent par ſe ſaluer au milieu & aux quatre coins de la chambre : ils ſaluënt enſuite la chaiſe du maître de la maiſon, & celle de celui qui le vient voir ; & aprés avoir fait pluſieurs tours compaſſés ; ils s’aſſeyent, & font encore autant de complimens avant que d’entrer en matiere. Ces gens-

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