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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/279

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du Voyage de Siam.

Or il eſt bon de remarquer qu’à la premiere audiance il y avoit quarante Mandarins, à la feconde vingt ; & aujourd’hui il n’y en avoit que huit, tous confidens du Roi. Son tuteur y eſtoit auſſi : c’eſt, comme je penſe vous l’avoir déja dit, un bon vieillard de quatre-vingts ans, ſourd, que le Roi aime & reſpecte beaucoup. Sa Majeſté a parlé d’affaires importantes, & a fini, en diſant que le commerce n’eſtoit pas une affaire, & qu’il donneroit là-deſſus au Roi & à la Compagnie toute ſorte de ſatisfaction.

M. Conſtance eſt venu voir M. l’Ambaſſadeur, & lui a dit que le Roi en plein Conſeil avoit dit ces paroles : Le Roi de France a pour moi une amitié deſintéreſfée. Il m’envoye propoſer de me faire Chrétien : quel intereſt y a-t-il ? Il demande que je m’inſtruiſe de ſa Réligion : il ne faut pas le mécontenter ; il faut le faire, & voir. Grande parole pour un Roi des Indes, qui ne ſçait point diſſimuler, & qui croit qu’il y va de ſon honneur de ne dire que ce qu’il penſe ! Ce rapport de M. Conſtance eſt trés-véritable : la même choſe a eſté rapportée à un Miſſionnaire par le Barkalon qui parla encore plus fortement, & dit que la religion des pagodes eſtoit prés de ſa fin. Nous ne ſommes pas aſſez innocens pour croire cela tout droit. Mais enfin il eſt bon que les principaux Mandarins s’accoutument à ces diſcours, & ne s’effraient point d’une pareille nouvelle. Quoiqu’il en puiſ-