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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/278

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Journal

donnera : c’eſt à dire qu’il en donnera des livres l’un aprés l’autre aux Miſſionnaires pour les traduire en François, & les envoyer au Roi. N’eſt-ce pas un bon homme qui ne trouve rien de difficile, dés qu’on lui parle de ſon bon ami le Roi de France ? De bonne foi, à le voir agir & parler on peut croire qu’il aime le Roi de tendreſſe.

J’ai oublié mille choſes qui ont eſté dites dans l’audiance. Le Roi a dit que la plûpart des Ambaſſadeurs n’eſtoient que des porteurs de lettres & de complimens. Par exemple, a-t-il dit, l’Ambaſſadeur de Perſe qui eſt arrivé à Tennaſſerim, m’apportera de belles étoffes ; cela eſt bon pour s’habiller : mais l’Ambaſſadeur de France, il vient pour de vraies affaires. Il a dit à M. l’Ambaſſadeur qu’il avoit fait réponſe à ſon dernier mémoire ; & que s’il avoit quelque choſe à lui propoſer, il le pouvoit faire librement. M. l’Ambaſſadeur a répondu qu’il verroit la réponſe de ſa Majeſté, & qu’il la ſupplioit tres-humblement de lui nommer quelqu’un de ſes miniſtres avec qui il puſt conférer. Sa Majeſté a nommé M. Conſtance ; & a dit à M. l’Ambaſſadeur qu’il pouvoit toujours parler, & qu’il n’y avoit là perſonne de ſuſpect. M.l’Ambaſſadeur a répondu qu’il n’avoit rien de ſecret pour M. l’Evêque ; & a dit, ſans rien particulariſer, que le Roi l’avoit chargé d’aſſurer ſa Majeſté de ſon amitié, & qu’en toutes occaſions il lui en donneroit des marques. Il veut les voir venir.