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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/31

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du Voyage de Siam.

eftre trois ou quatre mille ſur le même ton. Ton n’eſt : pas un terme fort marin : c’eſt qu’en apprenant le Portugais, l’Aſtronomie, la Manœuvre, & le reſte, nous apprenons auſſi la Muſique. Nous ſçaurons tant de belles choſes, ſi jamais vous nous revoyez. Ainſi nous paſſent les jours comme des momens.

23. Mars.

CEst un fort triſte manger qu’une tortue mâle : nous en venons de tâter à toutes ſauſſes, & toutes mauvaiſes à mon goût. Nos Officiers en léchoient leurs barbes. Si les Bonites, dont ils font tant de cas, ne ſont pas meilleures, je ne me ſoucie gueres de leur poiſſon.

La hauteur eſtoit à midi de 10. degrez 10. minutes. Le vent eſt fort frais, & nous allons par-delà nos eſpérances. Il ne fait point chaud : j’ai pourtant aujourd’hui le cœur un peu fade. C’eſt ma faute : je veux étudier, & il ne faut ſonger qu’à vivre quand on eſt ſi prés de la ligne. Le Pere de Fontenei a fait la même ſotiſe que moi. Il lit de l’Algebre. On a eu beau lui dire qu’il falloit ſe ménager. Nous nous conſolons enſemble. Deux jours à dormir & à ne rien faire, nous remettront ſur pied.

Nous voyons dans les airs des Fous & des Margots : s’ils viennent à portée, les fuſils ſont prêts.