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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/317

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du Voyage de Siam.

ſeigneur le Duc de Bourgogne ; & une demi-heure aprés il ſe ſouvint de Monſeigneur le Duc d’Anjou, & dit qu’il ne vouloit pas le faire pleurer, & qu’il ſalloit auſſi lui en envoier un. Ils ſont fort jolis : pourveu qu’ils arrivent à Verfailles ; j’en doute. Nous ſommes ſortis du palais avec la pompe ordinaire, & ſommes montez dans les balons pour aller à Siam

13. Décembre.

ON a marché une partie de la nuit, & nous voici à Siam. M. l’Ambaſſadeur aſſeure qu’il partira demain à quatre heures du matin. M. Conſtance vient de lui donner des plans des maiſons royales, & de la marche du Roi en balon : cela ſera fort curieux. J’en ai eſté bien-aife pour l’amour de vous : mais écoutez une triſte aventure. Il y a huit jours que M. l’Evêque écrivit en Europe ; ſes lettres eſtoient dans mon porte-feuille avec une partie de mon Journal. Tout eſt demeuré ſous mon matelas à Louvo. J’y envoie en diligence ; tout eſt déménagé ; c’eſt un grand haſard ſi on les retrouve. M. l’Abbé de Lionne m’aſſeure que c’eſt la volonté de Dieu, & demeure tranquille, quoi-qu’il ſoit auſſi fâché que moi. Je vois bien qu’il a raiſon, & que quand un homme eſt bien déterminé à recevoir tout ce qui arrive comme venant de la part de Dieu, il eſt au-deſſus de tout : diſgrace, maladie, mort ; ſi c’eſt

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