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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/327

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du Voyage de Siam.

les plus alertes. Il en eſt reſté quatre plus peſans, qui n’ont pas voulu quitter leurs hardes : ils viennent par une autre voiture ; & ſelon les apparences, ils nous trouveront partis. Voici leur aventure. Ils citoient ſur un grand mirou, & venoient à notre bord avec le vent & la marée. Ils s’en ſont approchez à la portée de la voix, & ont voulu mouïller pour attendre le jour. Le fonds eſtoit de ſix braſſes : ils n’avoient que quatre braſſes de cable ; ce n’eſtoit pas le moyen que leur ancre allaſt à fonds. Ils ont donc dérivé : le courant les a emportez à plus de trente lieuës de nous. Ils n’avoient que trois méchantes rames : le moyen de ſe ſoutenir contre vent & marée ? Leur voile a eſté emportée à la mer, & pendant trente heures ils ſe ſont veus entre la vie & la mort. Enfin ils ont abordé à une petite ville audeſſous de Pipeli. Le Gouverneur leur a donné une galere qui les vient d’amener un peu fatiguez, mais ſi aiſes de nous trouver encore ici, qu’ils ne ſentent plus leurs peines. Il n’y a que M. Vachet qui regardoit cét accident comme un effet de la providence, qui le vouloit à la Cochinchine où il a laiſſé ſon cœur.

22. Décembre.

NOus avons mis à la voile à deux heures aprés minuit. Le reſte des Mandarins n’eſt pas venu : on s’en paſſera bien. Trois Ambaſſadeurs, huit Mandarins, quatre Secretaires, & une vingtaine