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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/36

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Journal

cœur. J’aime tous les Jéſuites qui ſont ici ; ils ſont tous honnêtes gens : mais le Fontenei & le Viſdelou laiſſent les autres bien loin derriere. Le Fontenei eſt la douceur meſme : il dit ſon avis ſimplement, & s’il eſt contredit, il prend le parti d’un de vos amis, qui aime mieux ſe taire que de diſputer.

Grand bruit parmi les matelots. On a crié tout d’un coup, Voilà le diable, il faut l’avoir. Auſſitôt tout s’eſt réveillé, tout a pris les armes : on ne voyoit que piques, harpons, & mouſquets. J’ai couru moi-même pour voir le Diable ; & j’ai veu un grand poiſſon qui reſſemble à une Raie, hors qu’il a deux cornes comme un taureau. Il a fait quelques caracols toujours accompagné d’un poiſſon blanc, qui de temps en temps va à la petite guerre, & vient ſe remettre ſous le Diable : & entre ſes deux cornes il porte un petit poiſſon gris, qu’on appelle le Pilote du Diable parce qu’il le conduit, & le pique quand il voit du poiſſon ; & alors le Diable part comme un trait. Je vous conte tout ce petit manege, parce que je le viens de voir. Nous avons veu auſſi quantité de Soufleux.

A 6. degrez de la ligne.

27. Mars.

QUel horrible chaud il a fait cette nuit ! On eſt bien embaraſſé : on n’oſeroit laiſſer ſa feneſ-