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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/366

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Journal

que depuis deux ans. Il eſt fort emporté, & haï de ſes ſujets. Le Bua eſt fort ſage & fort aimé. Ce qui pourra cauſer quelque révolution, le Bua par ſes manieres populaires paroiſſant avoir envie de reprendre l’autorité que ſes ancêtres ont abandonnée.

Il y a dix ou douze ans que le Roi de Tonquin entra en Cochinchine avec huit mille chevaux, quatre-vingts dix mille hommes de pié, & ſept cens éléphans. Les Hollandois lui avoient donné des bombes qu’il envoya dans le camp des Cochinchinois ; & l’on ne doute point qu’il ne les euſt entièrement défaits, s’il avoit pu ſe ſervir de ſon avantage. Mais il ſe retira bruſquement ſur la nouvelle que le Bua ſongeoit à remuer. Il entretient ordinairement deux cens galeres.

Les Tonquinois ne font point de cas des diamans, ni des perles. Ils ont de l’or & de l’argent du Japon en barre ou en caches, qui ſont comme les doubles de France : ces caches ſont trouées, & ſix cens valent un écu dix ſols.

Les affaires de peu de conſéquence ſont jugées par les principaux de chaque village. Les grandes affaires, ſur tout celles où il y va de la vie, vont au Gouverneur qui a ſes officiers ; & quand les principaux Mandarins y ont intérêt, ils attirent l’affaire à la cour.

Il y a dans le Tonquin des mines d’argent, une