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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/416

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Journal

1. Juin.

VOici bien des nouvelles. On voit terre ; le vent eſt forcé ; on a pris le ris de la mizene ; l’air eſt furieuſement embrumé, & l’on ne ſçait où nous ſommes. Nous croyions avoir dépaſſé les Aſſores, & en eſtre plus de quarante lieues à l’Eſt ; & cependant il faut bien que ce ſoit ou la Tercere, ou l’Iſle de Flore. La premiere eſt la plus Eſt, & l’autre eſt la plus Oueſt. On va tâcher d’en approcher pour la reconnoître. Ces Iſles-ci ont cela de bon, qu’on en approche ſi prés qu’on veut : il n’y a point de roche, & plus de 10. braſſes d’eau à une portée de mouſquet de terre.

C’eſt l’Iſle de Flore la plus occidentale des Aſſores : nous en voici à deux petites lieuës, & nous la laiſſons à ſtribord. On l’a reconnuë à la petite Iſle de Corvo, qui eſt auprés. Nous ſçavons préſentement où nous ſommes. Nos pilotes ſe trouvent cent lieuës plus Oueſt qu’ils ne croyoient. Ce ſont erreurs, qui entraînent ſouvent de grands malheurs : on pouvoit fort bien la nuit dans un brouillard par un gros vent aller à pleines voiles donner du nez en terre ; & voilà trois ou quatre ſois dans le voyage que pareille choſe nous arrive. Quand il y a eu une terre à découvrir, ç’a toujours eſté en plein jour, afin de voir ce qu’il y avoit à faire. Là-deſſus un peu de moralité : ce que Dieu garde eſt bien garde.

Le