Aller au contenu

Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
60
Journal

ſes bottes d’herbe qui flotent ſur l’eau : cela ſent la terre. Nous laiſſons à ſtribor quelques petites Iſles deſertes, mais ſans les voir.

16. Mai.

JE m’en dédis. L’oiſeau eſt un franc rouleux. C’eſt tout ce qu’on peut faire, que de ſe tenir ſur le pont. On mange en volant. Chacun prend ſur ſon aſſiette trois cuillerées de mortier, car le bouillon eſt trop caſuel ; & on ſe jette cela dans l’eſtomac. On s’arrache quelque cuiſſe de coq. Il faut ſçavoir toutes les regles du contrepoids pour boire ; & au milieu de tant de peines nous ſommes gaillards, & le Cap approche. Je viens de voir un Damier. C’eſt un gros oiſeau ſur le ventre duquel on joueroit fort bien aux écliets. S’il vouloit s’approcher, on le tireroit ; & ſi on le tuoit, j’en fais préſent à M. l’Abbé de L.

17. Mai.

NOus allons à merveilles. La hauteur eſt de 33. degrez 4. minutes. Quand, nous aurons élevé encore un dégré, nous ferons la route à l’Eft, parce que le Cap eſt par les 34. degrez. La mer commence à eftre fort creuſe : c’eſt-à-dire qu’on ſe voit quelquefois dans une vallée entre deux montagnes blanchiſſantes d’écume. Cela paroift d’abord ridicule : mais quand un moment aprés on ſe retrouve ſur la montagne tout l’horiſon