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Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/90

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Journal

faut bien prendre garde à ne ſe pas laiſſer dériver ſur l’Iſle de Sumatra : on ne pourroit plus regagner le détroit de la Sonde, & il faudroit aller par celui de Malaca, qui eſt la mer à boire.

Nous avons eu un peu de calme toute l’apréſ-dînée : le vent eſt revenu à ſix heures du ſoir. La mer eſt fort belle, & nous paſſons bien. Où ſont donc ces terribles mers du Cap des Tourmentes ? C’eſt ici que les trois mers ſe choquent, la mer des Indes, la mer d’Afrique, & la mer du Breſil. Toutes les relations ne parlent que de tempêtes dans ce parage. Eſt-ce que tout change en notre faveur ? Ou ne ſeroit-ce point que les Relateurs groſſiſſent les objets, & d’une mouche, comme l’on dit, font un éléphant ?

9. Juin.

IL y a eu cette nuit deux heures de calme, mais le vent eſt revenu. Nous faiſons deux lieuës par heure. Il n’eſt plus queſtion du Cap : ſi ce temps-là dure, nous ſerons dans deux jours par le travers de Madagaſcar à quatre cens lieuës au large. Il fait de petites ondées pour mouiller nos voiles, afin qu’elles prennent mieux le vent. La partance du Cap eſt auſſi belle que celle de Breſt ; & ſelon les apparences, ce voyage finira comme il a commencé.