Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/126

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avoient été frappés souvent sans s’en apercevoir eux-mêmes.

Mais rien ne l’assuroit davantage sur ses doutes que les lumières de cet excellent critique avec qui il étoit lié d’une amitié si célèbre, et je dois, pour l’honneur de l’un et de l’autre, rapporter ici ce qu’il m’a souvent dit lui-même, qu’il ne se croyoit pas plus redevable du succès de la plupart de ses pièces aux préceptes d’Horace et d’Aristote, qu’aux sages et judicieux conseils d’un ami si éclairé.

Que n’aurois-je point à vous dire, Messieurs, des charmes inexprimables de sa conversation, et de cette imagination brillante qui rendoit les choses les plus simples, si aimables et même si admirables dans sa bouche ? Mais les graces vives et légères qui sont comme la fleur de l’esprit, se sentent mieux qu’elles ne s’expriment, semblables à ces parfums qui font en nous une impression si douce et si agréable, dont nous pouvons bien conserver le souvenir, mais qu’il ne nous est jamais possible de bien faire comprendre à ceux qui ne l’ont pas éprouvée.

Qui croiroit qu’un homme né comme lui avec un si prodigieux talent pour la poésie, eût pu être encore un excellent Orateur ? On ne l’auroit pas cru dans Rome ni dans Athènes, mais l’Académie Françoise nous en fournit tous les jours d’illustres exemples. Vous n’avez pas oublié, Messieurs, avec quelle force et avec quelle grace