Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/128

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En effet, Messieurs, laissant là le prodigieux nombre de merveilles qui ont précédé la dernière guerre, tous ces monstres inventés par la fable et par les poètes, pour faire admirer la force d’Hercule, avoient-ils rien de plus terrible que cette ligue étonnante que nos voisins firent éclater au milieu de la profonde paix dont on jouissoit alors ?

Combien de Princes que tant de raisons sembloient devoir diviser pour toujours, se trouvèrent unis en un moment, et se donnant, pour ainsi dire, la main des extrémités de l’Europe, s’entr’exhortoient à renverser jusques dans ses fondemens un seul royaume qu’ils tenoient comme investi par mer et par terre ?

Qui eût cru, Messieurs, que la France eût pu jamais se soutenir contre un si effroyable déluge d’ennemis ? L’eût-elle pu faire autrefois, je ne dis pas dans ces temps de foiblesse, je dis dans les temps de sa plus grande force, dans ces temps même où soutenue des conseils du grand Cardinal, à qui les Lettres seront à jamais redevables de votre établissement, elle portoit déjà si haut la gloire et la réputation du nom François.

Qu’auroit fait lui-même cet habile Ministre contre tous les Souverains de l’Europe unis par la seule envie de nous détruire, et enivrés de l’espérance d’y réussir ?

Ses yeux ne se fussent-ils point troublés au milieu d’une tempête qui ne laissoit plus aucun