Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/130

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tête de ses armées, il s’expose à tous les dangers comme le moindre de ses soldats, et voit blesser à ses côtés un jeune Prince, qui, tout occupé d’un si grand exemple, ne s’aperçoit pas lui-même de sa blessure. Ainsi, le fils de Jupiter étoit un héros dès le berceau.

Mais il falloit que le Roi eût encore à combattre au milieu de ses États même un ennemi cent fois plus terrible que tous ceux dont il étoit environné. Une stérilité imprévue jette tout-à-coup la famine et la consternation dans le royaume. Alors tout le monde commence à trembler pour le salut de la patrie. Le Roi seul demeure ferme au milieu de la frayeur publique, il rassure lui-même ses ministres justement étonnés d’un si grand péril, et ce n’est que par ses tendres soins, et par les sages ordres qu’il donne par-tout pour en prévenir les suites, qu’on peut juger qu’il en est ému.

Qui de nous, durant ces temps fâcheux, a pu jamais remarquer le moindre trouble ou la moindre altération sur son visage ? N’y a-t-on pas vu toujours au milieu de la majesté dont il brille, cette tranquillité si difficile à conserver parmi tant de sujets d’inquiétudes, mais en même temps si nécessaire pour rassurer des peuples alarmés, qui, n’étant pas capables de juger par eux-mêmes du véritable état des affaires, cherchent à lire dans les yeux de leur Souverain ce qu’ils ont à espérer ou à craindre ?