Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/131

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L’abondance revient bientôt après. Cependant il étoit temps de terminer une guerre ruineuse à toute l’Europe et à la France même, qui commençoit à acheter trop cher les avantages qu’elle remportoit tous les ans sur des ennemis aguerris par leurs propres défaites.

Mais en vain le Roi, pour épargner le sang de ses sujets, avoit offert plus d’une fois de finir la guerre en renouvelant la paix de Nimègue. Les ennemis regardoient cette proposition comme un outrage : ils vouloient, disoient-ils, abolir tous les articles de cette paix superbe, qui avoit été imposée comme un joug à toute l’Europe ; ils devoient ne poser les armes qu’après avoir rétabli les religionnaires dans le royaume. Les Espagnols sur-tout se voyant soutenus de tant d’alliés, avoient pour un peu de temps repris leur ancienne audace, nous n’avions plus, selon eux, d’autres conditions à espérer que celles de la paix de Vervins, trop heureux s’ils daignoient se relâcher jusques à celles des Pyrénées.

Le Roi entreprend donc, après une guerre de dix années soutenue contre toute l’Europe, de les forcer eux-mêmes à désirer cette paix qu’ils rejetoient avec tant de hauteur. Il fait attaquer Barcelone par mer et par terre, et avec Barcelone toutes les forces de l’Espagne, ou renfermées dans cette ville pour la défendre, ou campées à ses portes pour la soutenir.

L’ancienne jalousie de valeur, plus forte encore