Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/173

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goût et un amour pour les lettres né avec lui, et qu’une excellente éducation avoit cultivé ; des talens auxquels il n’a manqué que des places ; une fidélité dans le commerce, encore plus estimable que les talens ; des mœurs douces, le fruit de sa raison et de ses réflexions, et où l’on pouvoit dire que le tempérament n’en avoit pas tout l’honneur ; une maturité d’esprit capable de remplacer les grands hommes que sa famille avoit donnés à l’état. Il les vit passer devant lui comme des songes, et ne survécut à tant de pertes que pour s’assurer par ses qualités personnelles, ces égards publics qui ne survivent guère à la faveur. Sa modestie m’a laissé une place que le choix du Prince lui avoit d’abord destinée ; je ne m’attendois pas que sa mort me préparât celle que son mérite lui avoit acquis depuis long-temps parmi vous : Mais je sens que je passe les bornes, l’amitié n’en connoît point ; je rends un hommage à sa mémoire, et c’est un remercîment que je vous dois.

Vous m’associez aujourd’hui, Messieurs, à tout ce que notre siècle a vu et voit encore de plus illustre et de plus respectable. Je disparois au milieu de tous ces grands noms ; je ne saurois me faire honneur à côté de vous que de ma seule reconnoissance ; et vous souffrez que je la mette ici à la place du mérite. Vous avez eu égard, en me choisissant, à quelques suffrages publics, que mon ministère m’avoit attirés, et