Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/435

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se développoit dans les Poètes, se communiqua bientôt à tous les Arts : la lumière se répandit de proche en proche sur tous les objets qu’on voulut étudier ; parce qu’on raisonnoit mieux sur le beau qu’on sentoit, on en raisonna mieux sur le vrai, dont on commençoit à juger ; et l’Italie eut tout à-la-fois de grands écrivains, de grands artistes et de grands philosophes.

Il ne faut pas s’étonner si tous les genres se perfectionnent rapidement et presqu’au même instant. Ce n’est pas en les cultivant les uns après les autres, que la Grèce s’est éclairée. Plus occupée à les rapprocher qu’à les écarter, elle les a cultivés tout à-la-fois ; et c’est ainsi qu’il les faut étudier. Les limites que nous élevons pour circonscrire chaque science, interceptent la lumière et jettent nécessairement des ombres. Enlevons les limites, aussitôt les ombres se dissipent ; la lumière qui se répand librement, réfléchit de dessus les objets que nous observons, pour retomber sur ceux que nous voulons observer ; et par ces reflets tous s’éclairent.

Les génies à qui l’Italie doit la renaissance des lettres, ont d’autant plus de mérite, qu’ils ont eu à lutter contre les préjugés, qui faisoient durer les études du quinzième siècle. Car l’Italie étoit tout à-la-fois le théâtre du bon goût et d’un goût dépravé, de la saine philosophie et du jargon des sectes, de la raison qui s’éclaire par l’observation, et de l’opinion qui craint d’observer.