Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/511

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

régla constamment toutes ses démarches ; mais il la sentoit vivement : Un honnête homme, disoit-il, est celui à qui le récit d’une bonne action rafraîchit le sang. Cette expression, toute familière qu’elle est, m’a paru mériter d’être recueillie ; le sentiment ne s’énonce jamais d’une manière plus vraie, plus persuasive, que lorsqu’il prend les couleurs et la forme d’une sensation. Enfin, M. de Mairan eut des succès et n’excita point l’envie. Il ne perdit jamais aucun ami, et ne fut l’ennemi de personne. Il parcourut une longue carrière sans éprouver, ni les tourmens de l’ame, ni les peines du corps, et sa mort fut tranquille et douce, comme le système entier de sa vie.

En venant s’asseoir parmi vous, Messieurs, M. de Mairan reçut la récompense légitime de ses travaux et de ses succès ; et moi, j’ai votre choix à justifier.

Sans doute, du moins aimé-je à me le persuader, le rang où vous m’élevez, je le dois en grande partie à l’honneur que j’ai d’appartenir à une compagnie savante et célèbre qui naquit dans votre sein, et dont les travaux font tant d’honneur à son origine.

Admis dans cette société d’hommes particulièrement dévoués à l’étude des Anciens, j’observai plus attentivement que jamais le caractère, la marche, les mouvemens, les propriétés des langues savantes ; et comparent vos chef-d’œuvres